A propos du cas Soral

Publié le par tonton polar


Lettre à Media Pool
(12 décembre 2006)

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      Quoi, t'as balancé vite fait des vidéos sur ce mec, et t'as même pas le temps d'écrire le papier? Tu me fais le coup du "liminaire audio-visuel" et tu veux que je me tape tout le boulot de lecture? D'un gars qui balance sur Buren: "Dénonciation typique de l’esprit 68 qui tourna - de façon moins typique - à la rente de situation, tandis que Présence Panchounette, autre groupe d’authentiques perturbateurs, avait, lui, l’élégance de se saborder dès lors qu’il avait obtenu, pour ses loufoqueries, la reconnaissance artistique de la Fondation Cartier." Ouais, je vois le genre. Faut pas bouffer, "dès lors que" t'es artiste. Situation marrante, sans "rente de situation", pas vrai, mon pote de la roulotte? - D'ailleurs, ils bouffent peut-être très bien, les anciens de "Présence Panchounette". Ou peut-être qu'ils ont fait une connerie. Ou les deux. - En tout cas, t'as pas intérêt à faire dans le culturel, avec un gars qui écrit: "Une émission culturelle, n’est-ce pas de plus en plus un type qui n’a pas lu un livre, qui en parle avec celui qui ne l’a pas écrit ?"  - Mais voyons ce qu'elle nous avait choisi d'autre, en 2003, la très érotique Régine Desforges: "Finalement, après Sollers qui débuta brillamment par Une étrange solitude, Houellebecq incarne à son tour cette tradition très française du talent dévoyé. L’histoire très sartrienne du vilain petit clerc intelligent, mû par le sexe, qui rame énormément pour monter puis qui vit dans la trouille de redescendre." Parce qu'y faut qu'on se tape Sollers et Houellebecq en bonus? Sartre, encore, ça irait. J'avais toujours envie de relire son bouquin sur Baudelaire. Mais tu connais le métier. Tu relis avant la commémoration. Après, tout le monde s'en bat les sacs en plastique. - D'ailleurs, j'suis sur une nécro, là. Et c'est du billet payé en vrai biftons. Sur un scribouillard dont je connaissais à peine le nom. Pourtant, il paraît que c'est une pointure, le plumitif. En plus, il est même pas encore vraiment mort. Mais tu connais la presse. On est prévoyant dans la branche.

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"D’abord, on finit de virer les pauvres qui subsistaient dans l’Est parisien en se servant de l’inconscience arrogante d’une certaine bourgeoisie de gauche (par exemple les gays) ; une fois les derniers pauvres foutus dehors, on leur retire jusqu’au droit de visite en les empêchant de rouler en voiture dans Paris ; c’est fait. Paris - ville des sans-culotte - devenue ville des enculés, on ensable progressivement les voies sur berges (où ils avaient déjà pris l’habitude de se chauffer la raie)." Putain, c'est de la littérature, ça, - y a le mot "enculé". Merci, Régine. C'est du putain de Hemingway, ça. Non, peut-être pas Hemingway. Mais c'est vachement militant. Une petite rupture de style avec le mot "gay", mais vachement militant. Vrai qu'il aurait pu dire "pédé" au point où il en était. Avec toute la bourgeoisie de gauche à dos. Ou alors deux fois "enculé". Bon, d'accord, il aurait gâché sa chute. Mais pourquoi il rajoute "de gauche" à bourgeoisie? Celle de droite, elle vire pas les pauvres de Paname? - Ouais, avec le nombre de pédés et de bourgeois de gauche qui lui en veulent en ville, faudrait peut-être pas allumer les bourgeois de droite en prime. C'est que le pouvoir, des fois, ça rend irritable.  - "Pensez que les z’y va sont le peuple, c’est toujours la même erreur gauchiste qui confond prolétariat et sous-prolétariat, alors que Marx a clairement démontré que le sous-prolétariat, parce que sa praxis ne lui permet d’accéder ni à la conscience politique ni à la solidarité de classe, joue parfois le rôle de « jaune », d’ennemi du monde du travail et d’allié du capital." La confusion gauchiste éclairée à coup de praxis avec le docteur Marx en chef op. Et trois ans plus tard, le même gars veut développer une "aile gauche" au Front National. - Z'y va, populo. - Et moi, faudrait que je me tape les discours du Pen en plus?

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     "Face à cette vaste coalition de forces apparemment antagonistes, mais travaillant toutes pour le Système, à la perpétuation du Système, à l'irréversibilité du Système, j'ose aussi affirmer que moi, et moi seul Jean-Marie Le Pen, incarne la démocratie ! Sans moi, il y a belle lurette - disons depuis la mort de Georges Marchais - que la politique française en serait réduite à cette mascarade à l'américaine, cette pantalonnade-spectacle faite d'alternance programmée - un coup toi, un coup moi - bonnet blanc, blanc bonnet, Bush ou Kerry, Sarkolène ou Ségozy… au service de la même politique… Une politique où la différence ne se fait plus que sur des broutilles, des nuances sociétales : Paris plage, mariage gay…, laissant sciemment dans l'ombre ce qui en constitue la substance même, à savoir la défense des valeurs ancestrales d'un peuple, et le plus juste partage du travail et des richesses !" (Discours de Valmy, 20 septembre 2006) - Alors il paraît que le porte-plume, c'est le nègre à Le Pen? Son penholder, "à l'américaine"? C'est vrai que le coup du Paris plage ("se chauffer la raie"), mariage gay ("ville d'enculés"), ça chauffe au niveau de l'obsession. Allez, je te laisse, ma médiapoule, parce que, moi, j'ai du boulot sérieux sur le métier à tisser. Mais je suis sûr que tu vas nous pondre un papier d'enfer.

 

Tonton Polar

Citations >>>Alain Soral, Socrate à Saint-Tropez - Texticules (éd. Blanche, 2003).

Publié dans intello-canaille

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