Si Alain Soral n'existait pas...

Publié le par mediapool


Si Alain Soral n'existait pas, Alain Finkielkraut l'aurait inventé !

La voilà donc la Gauche dangereuse, le chauvin frustré et l'antisémitisme populaire ? Sauf qu'Alain Soral ne se prive pas de vilipender "la gauche tiers-mondiste", tout comme Finkielkraut. Ces deux là ne sont peut-être pas des copains, mais ils marchent comme un duo qui fonctionne bien - insulte contre anathème.

Un autre point commun entre ces deux Alain, et non des moindres, est qu'ils filent tous les deux vers le Nationalisme comme si c'était une rédemption ! On aimerait leur demander de quoi cherchent-ils ainsi à se faire pardonner, qu'ont-ils à se reprocher ? Mais, surprise, leur "cohérence" revendique les bienfaits d'une mémoire courte…

Soral ne veut pas savoir (se rappeler) qui est Le Pen, car ce qui l'intéresse c'est ce que le sophiste en chef de l'extrême droite française dit maintenant ! Le Pen malheureusement ne dit pas grand chose aujourd'hui, il a laissé le temps travailler pour lui, et il fait campagne en tant que probable futur candidat du Front National (s'il obtient les 500 signatures) -c'est-à-dire qu'il doit faire des promesses, "arrondir les angles le plus possible", comme dit le gars de TVDieudo. (cf. vidéos ci-dessous)

Le comble de la confusion est atteint lorsque Soral trouve "une dimension gaullienne" à Jean-Marie Le Pen, alors qu'il en est l'exact antagoniste, sur le plan historique et politique.


Les déçus de l'Algérie Française, qui constituèrent l'un des premiers terreaux du poujadisme, tentèrent d'assassiner De Gaulle au petit Clamart - faut-il le rappeler ? Leur haine à l'égard du Général vient en partie du fait qu'il a trahi les espoirs que certains militaires d'extrême droite avaient placés en lui pour la "pacification" de l'Algérie. Mais le Général était avant tout un politicien, avec une vision qui lui a finalement dicté d'abréger ce combat d'arrière-garde, même si pour cela il fallait "trahir" une partie de ceux qui l'avaient soutenu, l'extrême droite raciste et nationaliste, même si la peur que ceux-ci inspiraient dans le pays a bien aidé à son ascension au pouvoir, comme dernier recours.

Alain Soral, l'ancien chouchou auto-proclamé de ces dames, terreur des hommes mariés, s'est mis à travailler la Sociologie, et c'est après une analyse "presque marxiste" qu'il en est venu à rejoindre la campagne du FN. Bigre ! Et d'inviter "tous ceux" qui croient que le FN est encore un parti de droite "comme on disait", d'y venir afin de développer avec lui "l'aile gauche du Front" (le côté de la mèche ?).

En un mot comme en mille, Alain Soral prétend faire de l'entrisme chez les fachos, il veut être subversif au sein de la droite extrême… Bonne chance ! Mais attention, car avec une mémoire courte, on oubliera bien vite qu'il fut un dragueur Don Juanesque, pour ne retenir que ses habits de Frontiste.
La où Soral exagère c'est dans sa naïveté, à moins qu'il ne soit déjà depuis longtemps dans la place, et plus profondement qu'il veut le faire croire sur DieudoTV (voir la quatrième vidéo ci-dessous).

Au fond, plus qu'un pari calculé ou risqué, c'est le sens du sacrifice qui pousse Alain Soral dans les bras de Le Pen. Et c'est là encore un point commun avec Alain Finkielkraut.


Surtout, ne pas diaboliser ! Il y a beaucoup de choses justes, intéressantes, vraies et même de nouvelles analyses dans ce que disent tous ces exaltés. Mais dire une chose vraie de temps en temps, n'a jamais constitué la sagesse, sauf pour d'influençables imbéciles, et n'a jamais constitué un programme politique clair, ni même honnête.

Au sortir de ces vidéos, Soral apparaît comme un gars sympa, brimé par les flics, rejetté par une Institution —ce qui séduit "la gauche tiers-mondiste" ou "compassionnelle" sur laquelle nombre de nos intellectuels médiatisés se mettent à cracher, et Soral ne fait pas exception là-dessus !
Mais ce n'est pas la première fois, comme il dit; une "habitude" qui aurait parfois frisé la mise en scène de sa propre répression, aux dépends de libraires qui l'invitaient naïvement.

L'école de Sciences-Po a fait un très gros pataquès en l'invitant, si ce n'était que pour l'exclure publiquement et en faire un martyr (grâce à une vidéo qu'un copain "avait amené par hasard"). La censure est autant discutable que le discuté, car elle exclue le dialogue.
Mais d'un autre côté, on doit admettre que quelqu'un qui parle de Marx et de De Gaulle avec une telle désinvolture —jusqu'à en faire des jouets pour idéologue en mal d'arguments, pour penseur en mal de retournements dialectiques— n'a pas par là gagné son ticket d'entré à Sciences-Po. Les traditions ne sont pas toujours sans fondement !

Cela dit, il y en a bien d'autres aussi, c'est vrai, qui prêchent la confusion, et qui ont de belles tribunes où ils déconnent à plein tube, au nom d'une idéologie, pardon d'une croyance, à laquelle ils sacrifient et leur mémoire et leur raison.

Il paraît que c'est "du dernier cri" !

David Leterrier    

 

Publié dans intello-canaille

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