Mort de Saddam: La date sous le nez

Publié le par David Leterrier

On aimerait se taire, et manger son pain blanc, mais le voilà sous notre nez à l'heure des repas de bombance et sur nos écrans pour le nouvel an. Plus on se penche, plus on sent qu'un cynisme vertigineux est à fleur de peau, et qu'il a le goût de la profanation.

    On a finalement assez facilement intégré l'idée saugrenue que le plat de l'exécution de M. Saddam Hussein nous serait servi au moment des fêtes de Noël. Les drames de l'actualité ne font pas de trêve pour cette période, et on se souvient de la triste fin du dictateur roumain Nicolas Caucescu dont le procès, l'exécution et la dépouille furent exhibés en plein Noël dans une inter-minable vidéo que Paul-Lou Sulitzer avait vendue cher à TF1.
Cette année, ce sera une bonne pendaison pour le Jour de l'An. Depuis la veille de Noël, le tribunal Irakien avait donc fini par accoucher d'une peine de mort, applicable dans les trente jours. Cela nous laissait le Réveillon pour faire le deuil du tyran prisonnier Saddam Hussein et des réponses qu'il aurait pu apporter lors d'autres procès.
C'est un peu comme l'assassinat de Bousquet, en France, qui a frustré la justice d'un procès de la collaboration, et de la réconciliation. Ici ce sont les crimes contre des Kurdes (populations du Nord de l'Irak, que la diplomatie US avait encouragées à se soulever, mais fini par lâcher à la vengeance de Hussein à la fin de la guerre du Golf 1) et les crimes contre les Chiites, qui resteront dans l'ombre alors que le regard de la justice aurait pu panser quelques plaies.

Puis on apprend que ce sera pour bientôt, au plus vite. Et effectivement la nuit même, l'homme qui obsédait G.W. Bush et T. Blair comme le fantôme de Hitler , et dont l'armement était inspecté par des agences internationales, il y a 4 ans, passait à la trappe.

Et bientôt, les télévisions, et l'internet, relaient non plus seulement l'annonce abstraite mais la preuve visuelle de la mise à mort : une vidéo brève mais efficace "lève le doute". Cette vidéo va déclencher plusieurs controverses qui dépassent vite l'écho du débat sur le jugement lui-même de mise à mort.

Bilan, en dehors de toute opinion individuelle : l'exécution de Hussein à eu lieu en période de réjouissance, c'est la fin d'un dangereux dictateur jugé dans son pays par un tribunal indépendant. Et c'est "une preuve de l'autonomie du gouvernement Irakien", car la vidéo montre bien l'encadrement 'tout irakien' de cette exécution. Bush déclare cela de bonne augure pour "la jeune démocratie", mais il est entendu que pour être juste, la justice irakienne n'en ressort pas moins, dans l'exécution comme dans l'image public, une justice de barbares.

Un gouvernement tellement souverain qu'avant même l'issue de ces agapes judiciaires, le Premier Ministre Maliki confiait au Wall Street Journal qu'on ne l'y reprendrait plus : il ne briguera aucun mandat politique supplémentaire. Il déclare n'avoir accepté son poste que parce qu'il pensait pouvoir servir l'unité de son pays. Mais qu'a-t-il voulu dire par là ?


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Publié dans international

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