Villiers-le-Bel : le coup du mépris.

Publié le par David Leterrier


Ca rappelle une variante du coup d'état truqué.
Un Président part à l'étranger, bien loin en Chine, et dans la capitale on en profite : une tentative de putsch échoue lamentablement et les rivaux, les anciens frères sont "pris la main dans le sac, et exécutés dans le feu de l'action". Ce Président quitte alors enfin son alibi lointain et rejoint le pays où la messe est dite. Les dangereux gêneurs mangent les pissenlits par la racine, le président n'y est pour rien. Les ombres peut-être savent quelque chose…



Villiers-le-Bel — Le coup du mépris.


Si les "socialos" de l'ouverture semblent à peine avoir changé, c'est paradoxalement sur l'ancienne Ministre de la défense de Jacques Chirac, Michelle Alliot-Marie, que l'on remarque un sérieux lifting idéologique. MAM qui avait su discipliner avec un certain panache les bavures de quelques militaires français en Côte d'Ivoire, ne sait même plus apporter une parole de réconfort ni même affirmer que la Justice sera impartiale, dans une petite bourgade de la région parisienne.
Le mot d'ordre est lancé : "ILS sont dangereux", le bruit coure qu'ILS ont des armes, même des fusils à pompe dit une rumeur. Lundi soir, des policiers se seraient "repliés faute de munitions". Le lendemain, leur nombre sera tenu secret. Et MAM assure que "la police fait son travail" et qu'elle ne se contente pas de "jouer au football". Ben y'a des jours comme ça, il aurait mieux valu, c'est clair.

Pas le Football ! Pas les Minimotos de Cross, et pas les Auto-Tamponneuses !

Deux mineurs sont morts «vers» 17 heure dimanche, dans une collision avec une voiture de police. En l'absence apparente de toute présence républicaine, policière, médicale, judiciaire — en l'absence complète de tout discours politique tiers qui devrait s'interposer entre une police forcément mise en doute, et une population qui se sent ciblée, harassée — le feu est parti dans la bourgade du Val d'Oise. Mobilier urbain détruit, commissariat attaqué… Et le soir suivant, la bibliothèque brûle car la puissance publique n'aurait pas pu en 24 heures prendre des dispositions pour protéger ne serait-ce que la Bibliothèque Municipale ou l'école, ce que tout le monde, même les jeunes, auraient compris. Mais la police est trop occupée à pourchasser cette jeunesse, à commander toujours plus de Flash Ball, de Gaz et  autres armes chiques de la ségrégation moderne. Garder la Paix, c'est manifestement trop ringard, avec MAM, il faut contre attaquer !
Le discours du Ministre de l'Intérieur ce Lundi soir était quasiment séditieux.
La question est de savoir qui est le plus indigne des beaux principes et du savoir qui sont exposés dans cette Bibliothèque ?

Et le Premier des Ministres, F.Fillon, il brille par son silence —autant dire qu'il se frotte les mains. Le Ministre , J.L.Borlo, dîne sans doute en ville. Et le Ministre de l'Intégration Etcetera est sûrement trop occupé à remplir son Quota d'expulsions. Quant à notre belle sous-Ministre des droits de l'Homme —et des enfants mineurs aussi—, Rama Yade se rêve sans doute en Chine, près de son bienfaiteur — ce qui lui donnerait un bon alibi pour se taire. Se taire encore plus fort en France qu'elle l'aurait fait en Chine !

Tandis que la sous-secrétaire à la Ville, Fadela Amara au parler si populaire, elle a déjà épuisé tous ses effets, toutes ses perles verbales sous les ors du Conseil des Ministres. Ca fait beaucoup plus "rupture" de dire "c'est dégueulasse" devant des énarques émoustillés que d'aller mouiller sa chemise dans une bourgade de 30 000 habitants où son parler serait peut-être utile pour calmer la situation. Et ça permet au Président Nicolas Sarkozy de sourire de telles audaces qui ne mangent pas de pain, tandis qu'elles lui permettent de vanter son ouverture. Mais ça fait beaucoup plus "Le Pen" de ne laisser que les ultras du gouvernement s'exprimer comme une musique bien réglée. Gestion toujours au bord de la crise, renforçant par avance son discours de légitimité pour la confrontation suivante. Tout est dans le ton, et l'insinuation.

Antigone où est-tu ? Qui donc va enterrer tes frères ?

Mais ces gens-là ont-ils des frères, pour nos gouvernants, nos journalistes et nos moralistes ? La racaille a-t-elle des émotions, des proches ? Un mineur qui roule sans casque n'est-il pas une honte pour sa famille ? Vous avez dit "victime" ? Comme c'est étrange…

MAM a tout compris : certains veulent profiter de la situation. Il faut rétablir l'ordre pour "une population qui a droit aussi à la paix". Ou plutôt le silence assourdissant du deuil. Alliot-Marie se permet ainsi de choisir entre deux violences, en faisant une différence radicale de qualité.  Le lendemain même des faits, MAM choisit de ne pas parler de la cause, de l'origine des troubles, pour ne mettre l'accent que sur les débordements condamnables et inquiétants qui accompagnèrent les réactions à chaud. Se donner le beau rôle en ces circonstances, cela manque un peu de panache et de déontologie.



Au nom de quel Saint doit-on de ne pas pouvoir mettre en doute une intervention de la police, ne serait-ce que quelques jours ? La Procureur a repris ce qu'a bien voulu baffouiller le Préfet et les "résultats" expresses de l'enquète fulgurante de l'IGPN. On colmate, et devant les dires du Ministère de l'Intérieur, la Justice brade la procédure, prise à la gorge par une situation d'urgence elle-même provoquée par des choix politiques et conséquences toujours prévisibles d'une certaine conception du maintient de l'ordre.

Il faut que la même Police qu'on peut juger au résultat, même s'il est indirecte, d'une belle collision mortelle, souffle encore sur les braises, avec des balles en caoutchouc.
En poussant un peu : il faudrait réprimander les policiers qui conduisaient cette voiture dimanche, pour n'avoir pas su tirer à vue, avant que la moto, manifestement pilotée par des terroristes kamikazes, ne détruisent leur outil de travail !!! Il faut poursuivre les meneurs. Zéro tolérance, c'est le mot… pour les autres… Pas de ça pour la police !

Il faut respecter les fonctionnaires d'une Police instrumentalisée, surmenés par un gouvernement de crétins profiteurs, ce n'est pas de leur faute. N'y a-t-il que des putes et des soumis, pour les transformer en Guardien de Crise, et agir parfois en 'agent provocateur par inadvertance', comme par un acte manqué…. du discours politique !

Alors que "les quotas d'expulsions" servent clairement d'alibi à la chasse au faciès, que nous disent les Ministres d'Ouverture ? Le dossier est bien ficelé.

Michelle, Rachida, Fadela, Ramatu, et Christine,
Antigones, où êtes-vous ?
Mais qui ira enterrer nos frères ?


        Dernières nouvelles : La Palme de l'Outrage et du Racisme social :

La radio RMC cette nuit ose lire cet avis "donné", et sélectionné, sur internet :

" …et puis que faisait-il sur la route avec cette moto à cette heure là ! "
"c'est toujours pareil, les délinquants se posent en victimes !" …!?!

C'est beau comme du Pascal Bruckner ! Si c'est ça "sortir du masochisme", ça, la vigueur de la Tolérance Zéro, on devrait se sentir un peu con d'avoir compris autre chose, un désir de justice par exemple. La France fin 2007 flirte avec des manipulations dignes d'une petite dictature, mais bon teint, ça va sans dire…
C'est justement l'embonpoint moral des chefs qui inquiète dans la mesure où ils ne semblent plus beaucoup avoir d'égard pour les faits.

Il faudrait apprendre à ne pas se précipiter pour prendre la défense ou même compatir avec deux cadavres qui n'avaient pas 18 ans il y a quelques heures. Non, cela n'est plus nécessaire, le système et la bonne morale semblent se nourrir de leur mort sans trop de relents ! Serait-ce uniquement de l'indifférence ?

Par contre les délations, le dénigrement, l'amalgame pour simple délit géographique - les crachats des pontes de l'opinion, bientôt secondés par "des sondages" et autres appels triés, sont encouragés à pleuvoir sur les Radios périphériques et bientôt toute la Presse. Aucun politique n'est là pour relever le débat ou défendre Villiers-le-Bel, alors qu'on apprend que les familles de ces deux "victimes de la route" ne savent même pas, deux jours après leur mort, où sont les corps de ces adolescents, leur fils.
On tait leur noms, ils ont disparus une deuxième fois. On les cache encore, des fois que l'autopsie contredise la version que la police n'a même pas encore formulée. C'est de la pro-vo-ca-tion; il ne faut pas y répondre directement car elle est machiavélique, il faut le garder en tête et le dénoncer, le démontrer calmement quand et partout où ce sera possible.

Il faut sortir, en France aussi désormais, de cette fascination pour la violence.

Il faut sortir de cette véritable pensée unique du tout répressif, parce que l'objet naturel de la violence qui est légitimée par là, correspond trop bien à ce qui est obscurément, pour un 'nous' qui se rétracte, l'étranger.

Publié dans France

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article